«Ana, mon amour» et mon désamour, avec toutes les ressources du cinéma

Le film du réalisateur roumain Calin Peter Netzer mobilise les puissances de la mise en scène pour explorer avec subtilité sur plus de dix ans les relations d’un couple. Dommage d’avoir chargé la barque du scénario plus que de raison.

Ana, mon amour est ce qu’il convient d’appeler un «geste de cinéma». Sur le thème pas tout à fait inédit de la vie en couple, le quatrième long métrage du réalisateur roumain Calin Peter Netzer ne cesse d’inventer des manières de filmer qui rendent sensibles, autrement, les courants contradictoires susceptibles d’unir et d’opposer l’un à l’autre deux humains, et ces deux-là au monde.

Les très gros plans, les ruptures dans le récit, les déplacements dans le temps, l’accueil du commentaire par chacun(e) à l’autre ou à un interlocuteur extérieur, les gestes et les silences aussi contribuent à cette riche partition d’images et de sons, de corps et de voix. Les actes, les sentiments, les rêves y contribuent selon un tissage complexe, éloquent, légitime.

Cet immense brassage qui réussit à prendre en charge la complexité du rapport amoureux sur une durée longue (une dizaine d’années) a été judicieusement salué d’un Ours d’argent à la meilleure contribution artistique pour le montage lors de la dernière Berlinale. Entendez ici «montage» au sens le plus élevé, comme assemblage dynamique de composants hétérogènes qui donnent à un film son élan et son unité. (…)

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