Balade vacancière et dernier voyage avant une séparation, le premier film de Maryam Goormaghtigh est un road-movie qui ne cesse d’inventer sa route, avec humour et émotion.
Euh… pourquoi? Pourquoi s’intéresserait-on à la chronique de vacances dans le Sud de la France de trois jeunes hommes iraniens vivant à Paris, et dont l’un s’apprête à rentrer ensuite au pays. Ces trois types n’ont rien de spécial, et ce qui va leur arriver non plus.
La réponse à cette question tient en un mot: le cinéma.
Pas le cinéma comme technique, ni le cinéma comme spectacle. Le cinéma comme possibilité de regarder, d’éprouver, de partages des instants, des silences, des gestes. Le cinéma comme une sorte d’herbier poétique et affectueux du quotidien.
La réalisatrice, elle-même d’origine iranienne mais née et élevée en Europe, mise tout sur ce pouvoir, qu’il arrive qu’on appelle «magie».
Il faut, en effet, une croyance puissante pour se lancer dans un projet aussi fragile. Après, il faut, minute après minute, lieu après lieu, situation après situation, juste regarder et écouter. Le cinéma tel que le pratique Maryam Goormaghtigh repose sur ce savoir insuffisamment partagé: le monde est passionnant, émouvant, drôle, effrayant, somptueux –à condition de savoir le filmer.
Et c’est très précisément ce que fait Avant la fin de l’été, en accompagnant Arash, Hossein et Ashkan dans leur voiture, dans une fête de village, au camping, avec deux filles rencontrées à un bal… Arash, Hossein, Ashkan, Charlotte, Michèle: ce sont les prénoms des interprètes comme ceux des personnages, on ne saura pas leur nom de famille.
Le principe de l’incertitude
On saura en revanche que ces trois hommes portent un trouble, ou plutôt un bouquet de troubles: Iraniens exilés pas très sûrs de leur relation ni à leur patrie d’origine, ni au pays où ils vivent. Incertains de l’avenir de leur amitié, quand l’un d’entre eux envisage de rentrer à Téhéran. Mais aussi incertains des manières de manifester leurs relations entre eux, et avec les autres. Les autres dont, bien sûr, les femmes. (…)