Bambi (Tope Teleda) entre contrôle et abandon au regard d’un autre.
Le premier film de Babatunde Apalowo invente une forme singulière pour accompagner un parcours sensible et libérateur dans Lagos et dans l’intimité.
Sous ce titre en forme de slogan d’ONG bien-pensante, c’est une belle et singulière proposition de cinéma qui se révèle à qui a la curiosité de venir à sa rencontre. Le premier long-métrage du jeune réalisateur nigérian Babatunde Apalowo ne cesse d’inventer des réponses singulières en accompagnant une intrigue a priori convenue.
Livreur à moto dans les rues de Lagos (la plus grande ville du Nigeria), Bambi vit en bons termes avec les habitants de son immeuble, aide quand il peut, cherche à améliorer son existence. Charmant sans être charmeur, il plaît beaucoup à sa voisine Ifeyinwa, aux offres de qui il ne sait trop comment ne pas répondre. Alors, le plus souvent, il se tait.
Son chemin croisera celui de Bawa, qui tient une échoppe de paris en ligne, mais qui se rêve photographe. Entre eux deux circule un courant que ni l’un ni l’autre ne voudra d’abord reconnaître. Cet autre régime de silence s’associe de multiples manières au premier, dans un environnement qui, lui, n’a rien de silencieux.
Le brouhaha incessant de la mégapole, la tchatche des habitants du quartier populaire, les violences extrêmes prêtes à jaillir au coin de la rue contre toute forme de transgression, jusqu’au lynchage, les disputes des voisins participent du riche tissage d’impressions sensibles sur lequel se détache l’histoire de Bambi et Bawa, et aussi celle de Bambi et Ifeyinwa.
Le photographe a demandé au motard de lui montrer cette ville qu’il sillonne sans cesse, pour renouveler les sujets de ses images. À leurs côtés, se compose alors par touches fluides un portrait aux multiples facettes de la ville immense, ses taudis, ses immeubles d’affaires, ses parcs, ses espaces hors assignation. (…)