«Introduction», trois fois la vie devant soi

Young-ho (Shin Seok-ho) entre neige et tendresse.

Le nouveau film de Hong Sang-soo assemble en douceur des moments de l’existence d’un jeune homme pour mieux rendre sensibles les impalpables et infranchissables voiles entre les êtres.

Il est tant et tant de manières de faire un film. Hong Sang-soo, ceux qui suivent l’œuvre du grand cinéaste coréen le savent bien, tourne comme on poursuivrait ce qui est à la fois une réflexion intérieure et une conversation –avec ses acteurs, avec ses spectateurs.

La continuité autant que la digression, la capacité à enchaîner des interrogations graves et des idées farfelues, des moments de tendresse ou d’angoisse et des pointes d’humour ou de colère s’inscrit ainsi dans un vaste mouvement.

Ce mouvement renvoie non seulement au considérable ensemble de réalisations existantes, mais aussi à celles qui vont venir, qu’on ne connaît pas encore –il a tourné deux longs-métrages depuis– mais qui en seront la suite naturelle.

Et, comme on se mêlerait à des échanges en se joignant à des amis, ou à des inconnus accueillants, il est possible d’entrer à tout moment dans ce partage au long cours, sans obligation aucune d’en avoir suivi le déroulement antérieur.

Ainsi saura-t-on ou pas que le précédent film, le merveilleux La femme qui s’est enfuie, était organisé en trois épisodes autour d’une jeune femme, auquel celui-ci, construit sur la même structure mais autour d’un jeune homme, Young-ho, fait pendant.

L’étreinte et l’écho

Ainsi reconnaitra-t-on ou pas la plupart des actrices et acteurs d’autres films de Hong, dont celui du film précédent, Hotel by the River, dans un rôle très proche de vieil acteur à la sagesse plus perturbatrice que rassurante.

Autour de la table, dans une apparente convivialité, deux générations et beaucoup de malentendus. | Capricci

On rencontre Young-ho chez son père, médecin habité de troubles, et dont la secrétaire n’est pas indifférente à la présence du garçon. Il rejoint ensuite à l’improviste à Berlin sa copine partie étudier à l’étranger. Puis le voici au bar d’un hôtel avec sa mère, le vieil acteur et un ami, puis sur la plage voisine, où surgit une réapparition onirique de la copine.

Les épisodes se suivent. Ils ne se ressemblent pas, mais se font écho dans des tonalités légèrement différentes, comme si, un peu tard le soir, étaient racontés trois fragments disjoints pour évoquer une personne, un moment de l’existence, un rapport à la vie. À chaque fois une étreinte, chargée dans chaque cas de significations et d’enjeux divers. À chaque fois quelques notes de musique.

Et voilà que tout s’anime d’une imprévisible et délicate énergie. Que ça circule, entre les personnages, entre les situations, entre ce moment suspendu et troublant quand la neige se met à tomber sur le garçon qui retrouve la secrétaire de son père à laquelle le lient des sentiments instables, et l’emballement exagérément affectueux de la mère, entre le désir de devenir acteur de Young-ho et les passages en douce du sommeil et du rêve, entre un voyage coup de tête et une baignade glaciale et téméraire.

Éloge mélancolique de la transparence

Il est tant et tant de manières de faire un film, et il semble parfois que Hong Sang-soo soit comme un peintre qui voyagerait avec son carnet de dessin et s’arrêterait de temps en temps pour croquer sur le motif un paysage (humain, émotionnel), une composition. (…)

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