«Barry Seal», American delirium

Le film de Doug Liman s’inspire d’un immense scandale mêlant politique et gangstérisme. Tom Cruise y est une parfaite incarnation de la dérive d’un certain idéal.

Depuis qu’il enchaîne les réitérations de plus en plus médiocres de Mission impossible, Jack Reacher ou The Mummy, on a eu largement le temps d’oublier que Tom Cruise est, aussi, un très bon acteur –et capable de s’impliquer dans des réalisations moins consensuelles.

Son interprétation du rôle-titre de Barry Seal rappelle un parcours plus riche que la tête d’affiche de la Scientologie et le clone de lui-même dans des franchises d’action à grand spectacle. Cruise fut ainsi l’admirable acteur de La Couleur de l’argent, et la figure de proue de ce qui reste un des meilleurs films d’Oliver Stone, Né un 4 Juillet.

 

C’est avec cet aspect de sa carrière, le meilleur, que renoue le film de Doug Liman, qui évoque ce pilote devenu dans les années 1980 à la fois exécuteur des basses œuvres aériennes de la CIA, convoyeur virtuose pour le cartel de Medellin, et pièce-clé du dispositif clandestin inventé par le colonel North, avec la bénédiction de Reagan, pour financer les dictatures sud-américaines et les mercenaires avec l’argent de la drogue et le trafic d’armes.

Action, comédie et politique

Guérillas, poursuites aériennes, délires hédonistes de représentants de l’Amérique profonde soudain mis à portée d’une version hypertrophiée de l’american dream: le film circule avec agileté entre action, comédie parfois burlesque, et rappels de faits historiques et récents. On y retrouve le sens du récit du réalisateur qui s’est fait connaître avec Bourne Supremacy. Mais il se propulse au-delà de cet assemblage déjà riche.

L’ambition du projet fait écho à celle, bien plus abstraite (c’était son charme principal, si le film était plombé par les impératifs du show hollywoodien) du premier film ayant réuni le réalisateur et l’acteur, Edge of Tomorrow et ses étranges boucles temporelles.

Coursier de la CIA, Barry Seal rencontre un des ses honorables correspondants, le général Noriega.

Dans Barry Seal, la nonchalance cool de Cruise, parfait cocktail de cet idéal américain par principe convaincu de son innocence et de son bon droit en même temps que de sa vocation à jouir de tout en toute occasion, s’avère une exacte incarnation de la psyché dominante projetée par les États-Unis (et son cinéma).

Racontant pas à pas les aventures de Seal avec les services secrets de son pays, le gang Escobar and Co, les Contras et les barbouzes de Washington, le scénario ne se contente pas du récit d’un des pires scandales de la politique de l’ombre des États-Unis. (…)

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