Surgi des tréfonds du Sud des États-Unis, le nouveau long métrage de Steven Soderbergh est un film de casse virtuose et une comédie enlevée, qui ouvre sur des horizons plus réels et plus contemporains.
D’abord, le plaisir. De la chanson d’ouverture à la tournée générale finale, il y a une sorte de joie communicative qui émane de Logan Lucky.
Joie de filmer, de raconter, d’avoir choisi ces acteurs, de passer de la surenchère comique à l’astuce du thriller.
Joie communicative, où le spectateur circule entre références (avec une bonne dose de Coen Brothers, tendance O’Brother justement) et invention.
Comme il y a un casse, la comparaison vient immédiatement avec la série des Ocean du même réalisateur. En fait le film n’a rien à voir; c’est même, heureusement, le contraire de ces grosses machines autosatisfaites et formatées.
L’auteur de Sexe, mensonges et vidéo est un réalisateur surdoué qui est loin de n’avoir fait que des bons films. Mais la virtuosité de sa mise en scène, sa capacité à remettre sur le métier les poncifs du cinéma de genre, trouve régulièrement des accomplissements mémorables, pour peu que, comme ici, on sente que, toute fiction bue, tout effet de script ou d’image dépassé, Soderbergh aime ses personnages.
Un casse de péquenots
C’est précisément ce qui advient avec ces deux frères qui, de prime abord, auraient tout de la caricature de loosers du Sud profond —mais alors très profond. Le chômeur boiteux viré par sa femme et le barman manchot montent un cambriolage avec leur petite sœur, la coiffeuse du bled.
Ils s’attaquent à un temple du spectacle américain, un circuit de course automobile qui ne désemplit pas de fanatiques de grosses cylindrées et de gaz d’échappement se délestant de centaines de milliers de dollars en junkfood et gadgets.
Pour mener leur plan à bien, ils ont besoin d’un expert en explosif, sauf que le type, à moitié dingue, est en prison.
Daniel Craig interprète son rôle comme son personnage fait sauter les coffres-forts: en force et en s’amusant. © StudioCanal.
Donc… Donc, en même temps, avec une adresse réjouissante, trois films. (…)