Cannes 2019, Ep.8: «Once Upon a Time… in Hollywood», il était plusieurs fois le cinéma du cinéma

Rick (Leonardo DiCaprio) et Cliff (Brad Pitt), cowboys à la ville comme à l’écran.

Très –trop?– attendu, le film de Quentin Tarantino joue avec les références du cinéma de genre, la légende de Hollywood et la mémoire d’un fait divers tragique.

Once Upon a Time… in Hollywood était de très loin le film le plus attendu du festival, celui dont la présence ou non en sélection a fait couler le plus d’encre, surtout virtuelle, occultant l’attention aux autres films à la sélection incertaine –ce qui n’est nullement à reprocher au film ni à son auteur, plutôt au fonctionnement des médias.

Cette attente surdimensionnée aggrave, et explique en partie, la déception suscitée par le film. Celle-ci tient à l’intérêt limité de qu’il raconte, mais aussi à de manifestes approximations dans le scénario et le montage.

En regardant Once Upon a Time… in Hollywood, l’idée s’impose qu’il devrait durer une bonne heure de plus ou une petite heure de moins que ses 2h40 –ou, pour le dire autrement, qu’il a été apporté à Cannes sans être vraiment terminé.

Un monde où la réalité n’existe pas

L’histoire principale porte sur l’amitié entre Rick Dalton, star sur le retour de feuilletons télévisés, joué par Leonardo DiCaprio, et son ami et homme à tout faire Cliff, interprété par Brad Pitt.

S’y mêlent de manière peu lisible les tribulations de «Riff» avec un groupe de marginaux et la présence dans le voisinage de la maison de Rick du couple Roman Polanski et Sharon Tate, alors que le récit est situé en 1969, à proximité de la date du massacre perpétré par la secte de Charles Manson, dont l’actrice sera une des victimes.

Il y aura bien, sous leurs vrais noms, la plupart des protagonistes de ce fait divers sanglant, mais ce qu’ils feront dans le film ne correspond pas à la réalité. L’idée, croit-on comprendre, est qu’en fait, dans ce monde qu’on appelle Hollywood, la réalité n’existe pas.

Dans ce monde n’existe qu’une succession plus ou moins cohérente d’actes plus ou moins codés par les lois du spectacle. Ce n’est pas Sharon Tate mais une actrice qui joue Sharon Tate, les armes de fantaisie d’un film de fiction ressurgissent dans ce qui se donne pour la vraie vie et n’est qu’une autre fiction ou un autre niveau de la fiction.

L’actrice qui joue Sharon Tate (Margot Robbie) allant voir la vraie Sharon Tate dans son dernier film, Matt Helm règle son comte (1968).

Un problème d’échelle

Dans Inglourious Basterds, Tarantino inventait une fin alternative à la Seconde Guerre mondiale. Ici, il fabrique un déroulement imaginaire du crime de la famille Manson, tout en jouant sur les codes du buddy movie avec ses deux héros, en convoquant d’autres figures connues, à commencer par Steve McQueen et Bruce Lee, dans des situations inventées et improbables. (…)

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