«Jackie» dans le tragique labyrinthe des miroirs du pouvoir

Le nouveau film de Pablo Larraín est moins un biopic ou l’évocation d’un moment historique qu’une manière d’interroger de manière incarnée les arcanes de la représentation politique.

Il est très rare qu’un réalisateur présente deux longs métrages de manière aussi rapprochée: moins d’un mois après l’apparition de son Neruda sur les écrans français, voici donc Jackie du même Pablo Larraín. Précisons que cette proximité n’est pas un effet d’optique due à la distribution en France: les deux films ont bien été tournés à la suite l’un de l’autre.

 

Il est plus rare encore que, sans faire diptyque, deux films réalisés coup sur coup nourrissent une réflexion commune, et ici particulièrement féconde, sur une même thématique.

Personne célèbre et personnage de cinéma

Comme l’indiquent clairement les titres, il s’agit en effet de deux approches de la manière dont le cinéma peut prendre en charge un personnage, qui est aussi, dans les deux cas, une personne célèbre.

Cette thématique ne se limite pas à la question du biopic, même si elle l’inclut. Il est même très passionnant de voir comment Larraín, en ayant l’air de s’en éloigner par les chemins du romanesque et de l’onirique, a fait de Neruda un authentique biopic (un portrait filmé), alors qu’en semblant coller au quotidien de Jacqueline Onassis durant les jours qui suivirent l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy, il prend en charge bien autre chose.

Dans les deux cas, Neruda et Jackie, Larraín ne filme pas frontalement le récit d’un moment d’existence de son personnage. Si le poète chilien était dépeint au miroir éclaté de sa propre littérature et de la vision fantasmatique du flic qui le traquait, la First Lady est évoquée à travers une interview imaginaire donnée quelques semaines après le meurtre, et qui ne sera pas publiée.

Mais Jackie n’est pas un portrait de Jacqueline Kennedy. C’est, grâce à cette image constamment reconfigurée dans le tourbillon qui suit les coups de feu de Dallas et jusqu’à la cérémonie solennelle à Washington, une mise en abime incarnée des rapports entre collectif et individu, symboles et objets concrets. Un voyage dans le palais des glaces de la politique aux côtés d’une femme qui ne cadre avec aucune des définitions toutes faites qui lui ont été appliquées.

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