Sur fond à la fois réaliste et mythologique de guerre en Crimée, le film de Sharunas Bartas impressionne, quand ni «Rodin», ni «Les Proies» ni «Une femme douce» ne tiennent leurs promesses.
Ces mains d’homme qui empoignent et pétrissent ce cul de femme. Ces mêmes mains, dans le même mouvement, pur mouvement de cinéma, qui caressent et captent la forme et la texture d’un tronc d’arbre. On aime à penser que ce seul enchainement de deux plans justifierait le désir de Jacques Doillon de filmer son Rodin. On n’est pas loin de penser que ce désir, cette inspiration s’y épuisent.
Oh tout est bien! Précis, historique, avec indications des généralisations sur le statut de l’artiste dans la société, sur les rapports maître-élève, sur le désir nécessaire au cœur de la création même la plus officielle, sur les parallèles entre le grand sculpteur et le cinéaste qui fut plus souvent qu’à son tour aussi incompris que Rodin avec son Balzac.
Et il va sans dire que Vincent Lindon est impeccable, parfait, plus que parfait. Izia Higelin en Camille Claudel est mieux que cela, plus vive, plus vibrante, Séverine Caneele dans le rôle de madame Rodin est impressionnante.
Ce Rodin pourrait être signé de 50 autres réalisateurs français, et ce serait leur meilleur film. De la part du cinéaste de La Pirate et de Ponette, de La Drôlesse et du Premier Venu, c’est un film bien sage, et pour tout dire assez scolaire.
Le cas de Jacques Doillon est malheureusement exemplaire du sentiment qu’auront inspiré trois des films les plus attendus de la compétition et présenté à la suite l’un de l’autre, chacun signé d’un ou une cinéaste dont on connaît la force et la singularité.
Avec Les Proies, Sofia Coppola propose un remake du film homonyme de Don Siegel tourné en 1971. Ce n’est plus Clint Eastwood en soldat nordiste qui se retrouve entouré de femmes sudistes après avoir été blessé, mais Colin Farrel –clairement on n’est plus au même niveau. (…)