Le film à grand spectacle de Zhang Yimou est une production hollywoodienne-type, portée par un projet capitalistique chinois. Matt Damon et Jing Tian l’emportent, mais une nouvelle menace se lève à Washington.
«Nous sommes moins différents que nous le croyons.» La réplique finale de La Grande Muraille énonce à la fois le constat de ce qui s’est joué entre ses deux protagonistes principaux, le mercenaire occidental William et la générale chinoise Lin, et la thèse économique, politique et esthétique que plaide le film, dans son dispositif de production autant que par son scénario.
Un film américain réalisé par un Chinois
Il sont bien pratiques, ces monstres numériques pleins de griffes et de dents qui attaquent par millions le mur où les affrontent l’armée d’élite de l’empire du milieu, avec Matt Damon comme arme de destruction massive surgie en renfort. À l’heure du marché mondialisé, plus question de désigner une nation comme figure du mal (il y a bien Daech et la Corée du Nord, mais ils ne peuvent pas toujours servir).
La Grande Muraille est situé en Chine. Il est signé par le plus célèbre réalisateur chinois, Zhang Yimou. Pourtant, en le regardant, il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’un film américain. Il est d’ailleurs écrit et produit par des citoyens des États-Unis.
Ses concepteurs n’ont pourtant pas lésiné sur les tentatives de métissage. Entre occidentaux et asiatiques donc, mais aussi entre cinéma et jeux vidéo pour ce qui est de l’imagerie, et entre film et série avec cette manière de filmer la muraille qui rappelle d’autant mieux le Mur du Nord de Game of Thrones que la musique composée par le même compositeur, Ramin Djawadi, ne manque jamais de souligner l’analogie.